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Nécessité d’une discipline universitaire en kinésithérapie

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Pascale Mathieu : l’approche scientifique constitue la meilleure garantie de la qualité des soins et de la sécurité des patients.

A la veille du 70ème anniversaire de la profession et des 10 ans de l’Ordre, le Conseil national a organisé au centre universitaire de Nice son premier colloque scientifique international sur le thème : Nécessité d’une discipline universitaire en kinésithérapie.

Cette journée s’est déroulée en trois temps, le premier a consisté à récompenser les lauréats de la deuxième édition du prix de l’Ordre, le second à signer, avec la Miviludes, une convention de partenariat et le troisième, le colloque lui-même.

Outre qu’il s’est tenu à l’aube du 70ème anniversaire de la profession, ce colloque intervient à un moment clé de l’Histoire de la kinésithérapie puisque c’est il y a trois mois qu’ont été publiés au Journal officiel un décret et un arrêté réformant en profondeur la formation initiale des futurs masseurs-kinésithérapeutes. Depuis septembre, la formation est passée en 4 années précédée par une année universitaire validée, prioritairement Paces (Première année commune aux études de santé).

Vers une reconnaissance internationale

Si l’Ordre s’est félicité de cette avancée qui concrétise le travail mené depuis 8 ans, aux côtés de toutes les composantes de la profession, il sait qu’il ne faut pas s’arrêter là et que cette intégration au système universitaire n’est que le premier pas vers la création d’une discipline universitaire qui permettra de mener des travaux de recherche et d’obtenir ainsi une reconnaissance internationale, et cela dans l’intérêt supérieur des patients.

Pascale Mathieu, la présidente du Conseil national a réaffirmé dans son allocution d’ouverture l’engagement partagé de l’ordre pour promouvoir la nécessité d’une discipline universitaire en kinésithérapie. « La valorisation de notre discipline et sa reconnaissance universitaire et scientifique, sont pour nous avant tout un moyen de renforcer l’excellence de notre pratique et de dessiner les contours de la kinésithérapie de demain. » Une discipline universitaire constitue également à ses yeux, « le meilleur rempart contre les dérives thérapeutiques de pratiques médicales alternatives, voire ésotériques, pour toujours mieux protéger les patients. »

Une exigence : offrir des soins dont les techniques sont fondées sur la science

Selon Pascale Mathieu, « ces journées sont le reflet de [son] engagement à la tête de l’Ordre, qui est de faire reconnaître la kinésithérapie comme une discipline médicale à compétence définie, synonyme de rigueur et d’excellence. » Elle a parlé « d’exigence », « celle d’offrir des soins dont les techniques sont fondées sur les données de la science. » Selon elle en effet, « l’approche scientifique de notre action constitue la meilleure garantie de la qualité des soins et de la sécurité des patients, dans le respect du code déontologique. »

Promouvoir une kinésithérapie toujours plus qualitative et exigeante au service des patients

Après la remise des récompenses aux lauréats de la deuxième édition du prix de l’ordre, (lire ici) et la signature inédite d’une convention de partenariat avec la Miviludes (lire ici) a eu lieu le colloque proprement dit.

« Le fil directeur de cette journée c’est notre détermination pour promouvoir une kinésithérapie toujours plus qualitative et exigeante au service des patients, et ce à l’échelle internationale, car, j’en suis profondément convaincue, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres » a indiqué Pascale Mathieu selon qui, « ce n’est qu’ensemble que nous parviendrons à dessiner les contours d’une kinésithérapie pertinente pour demain. »

C’est dans ce même esprit, que les intervenants les 200 participants à ce colloque ont tout au long de la journée, échangé sur le besoin impérieux d’une discipline universitaire en kinésithérapie.

Tous ont réaffirmé que seule une formation exigeante permettra de garantir un niveau de soins élevé, à la hauteur de la place qu’occupe déjà aujourd’hui la kinésithérapie dans le parcours de soins des patients.

Tous ont plaidé pour la reconnaissance internationale d’une formation universitaire, son alignement sur les standards internationaux et l’accès à la recherche autant d’éléments capitaux pour l’avenir de notre profession.

Le professeur Jean-Jacques Moraine qui enseigne à la Faculté des Sciences de la Motricité de l’Université Libre de Bruxelles et qui a présenté le modèle basé sur le triptyque recherche/clinique/formation qu’il a mis en place ;

Jean-Claude Jeulin, kinésithérapeute, docteur en sciences de l’éducation qui a évoqué le lien qui existe ou qu’il convient de créer entre la recherche et la formation initiale. Il a démontré l’intérêt de la recherche dans la pratique clinique. Les pratiques sont fondées sur des théories professionnelles.

Annabelle Couillandre, directrice de l’Institut régional de formation en masso-kinésithérapie du centre hospitalier régional d’Orléans et maitre de conférences à l’université de Paris-Ouest à l’UFR de Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives et Jacques Vaillant, directeur de l’IFMK du CHU de Grenoble et docteur en neurosciences qui ont abordé la question du lien entre la recherche et la formation initiale. Selon eux, « il faut une évolution conjoncturelle, opportune de la formation pas une injonction institutionnelle et imposer une contribution de la recherche dans la formation initiale. »

Patrice Piette, kinésithérapeute, enseignant en formation initiale en Kinésithérapie qui a abordé les problèmes de formation des formateurs, de l’intégration dans l’enseignement, des implications et comportement des étudiants et des conséquences sur l’activité clinique. Pour lui, On a besoin des praticiens libéraux et salariés pour faire de la recherche clinique ainsi que d’une réforme profonde des compétences des formateurs.

Deux tables rondes ont permis de confronter les expériences de nombreux experts en matière de recherche et de formation :

Annabelle Couillandre, Jean-Philippe Régnaux, Maitre de conférences à l’école des hautes études en santé publique (EHESP) et Alain Hamaoui est masseur-kinésithérapeute et titulaire d’un doctorat en biomécanique ont indiqué qu’il fallait « saisir l’opportunité de l’université pour intégrer les laboratoires de recherche. »


Eldin Balbaa, kinésithérapeute égyptien, titulaire d’un doctorat t obtenu aux états unis et doyen de la Faculté du Caire est en passe de créer une discipline universitaire en kinésithérapie ; Franck Gatto, kinésithérapeute, maitre de Conférences Habilité à Diriger les Recherches à l’Université de Paul Valéry de Montpellier, Serge Mesure, maitre de Conférence des Universités de l’Université de Montpellier I et d’Aix Marseille Université, Faculté des Sciences du Sport de Marseille et France Mourey, kinésithérapeute, maitre de conférences à l’université Bourgogne Franche-Comté, laboratoire INSERM cognition, action et plasticité ont largement développé l’idée selon laquelle la question de l’éthique est fondamentale dans la recherche.


Daniel Michon, directeur de l’ENKRE et Jacques Vaillant ont rendu hommage à François Plas, ancien directeur de l’École de Grenoble, fervent défenseur de l’universitarisation de la profession.



Des représentants de l’ordre des physiothérapeutes d’Espagne, du Liban ainsi que Sarah Bazin, présidente de la Région Europe de la WCPT assistaient à colloque. Pour cette dernière, “Il est nécessaire d’ouvrir les yeux grâce à la recherche”.