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Avec les premiers protocoles de coopération, l’accès direct au kinésithérapeute bientôt possible

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Annoncé en septembre 2019 dans le cadre du pacte de refondation des urgences, l’accès direct au kinésithérapeute pour les entorses de la cheville et les lombalgies aiguës a été concrétisé par deux arrêtés relatifs au protocole de coopération parus au Journal Officiel le 8 mars 2020 : « Prise en charge de la douleur lombaire aiguë inférieure à 4 semaines par le masseur-kinésithérapeute dans le cadre d’une structure pluri-professionnelle » et « Prise en charge du traumatisme en torsion de la cheville par le masseur-kinésithérapeute dans le cadre d’une structure pluri-professionnelle »

Désormais, avec ces premiers protocoles de coopération, l’accès direct au kinésithérapeute sera bientôt possible.
Les kinésithérapeutes qui exercent dans des structures pluriprofessionnelles pourront accueillir directement les patients qui souffrent d’une entorse de la cheville ou d’une lombalgie aigüe, sans passer par leur médecin traitant.
Il s’agit là d’une grande avancée pour la profession, qui va permettre aux kinésithérapeutes de participer au désengorgement des cabinets des médecins généralistes et des urgences. Elle valorise également la profession de kinésithérapeute en rappelant que ces professionnels ne sont pas de simple techniciens et disposent d’une expertise propre.

Dans quelles conditions s’appliquent ces protocoles ?  Quelles seront les démarches à effectuer pour les kinésithérapeutes ? Quelle sera leur marge d’action ?

Nous faisons le point.

Accès direct : pour quels kinésithérapeutes ?
Sous quelles conditions ?

Les protocoles de coopération sont réalisés entre un médecin généraliste et un kinésithérapeute.Ainsi sont-ils applicables uniquement dans les structures pluriprofessionnelles (MSP ou centres de santé) avec un logiciel commun et si le patient accepte le partage de son DMP avec le kinésithérapeute.
Le kinésithérapeute a obligation d’une formation de 10 heures, répartie en 3 jours, avec un programme déjà écrit, par les médecins engagés dans des protocoles ainsi que d’une évaluation régulière des connaissances en analyse de pratiques.
Les kinésithérapeutes qui souhaitent s’impliquer dans ces protocoles devront s’inscrire auprès de l’ARS : il leur faudra donc fournir très prochainement, sur une application dédiée du site internet du ministère des Solidarités et de la Santé, les pièces justificatives suivantes :

  • Accord d’engagement daté et signé ;
  • Copie d’une pièce d’identité ;
  • Numéro d’enregistrement au tableau ordinal ou fichier professionnel spécifique et son justificatif ;
  • Attestation sur l’honneur de l’acquisition des compétences exigées pour la mise en œuvre du protocole national.

De son côté, le médecin généraliste a également quelques obligations : il doit être joignable au téléphone, avoir la capacité de reprendre un patient dans les 24h si celui-ci est réorienté par le kinésithérapeute ou par la suite, si la prise en charge en kinésithérapie n’apporte pas d’amélioration à l’état du patient. Il devra également rejoindre des groupes d’analyses de pratiques.

Accès direct : pour quelles pathologies ? À quelles conditions ?

L’accès direct au kinésithérapeute est réservée à deux pathologies :

  • La douleur lombaire aigüe chez l’adulte
  • La douleur liée à une torsion de la cheville chez l’adulte

Et ce en conformité avec un certain nombres de critères d’inclusion et d’exclusion, critères d’exclusion qui relèvent tant de l’examen dossier médical que de la détection des “red flags” et “yellow flags” par le kinésithérapeute au cours de l’interrogatoire et l’examen clinique :

Douleur lombaire aiguë
Critères
d’inclusion
Critères d’inclusion : douleur lombaire d’apparition brutale, depuis moins de 4 semaines, chez un adulte de 20 à 55 sans, dont un des délégants est un médecin traitant, et qui n’a pas refusé l’accès à son dossier médical au délégué.
Critères
d’exclusion

 

Torsion de la cheville
Critères
d’inclusion
Critères d’inclusion : douleur de cheville consécutive à un traumatisme en torsion chez un patient dont un des délégants est médecin traitant, et qui n’a pas refusé l’accès à son dossier médical au délégué.
Critères
d’exclusion

 

Le kinésithérapeute aura t-il une capacité de prescription ?

Effectivement, ainsi qu’il avait été demandé, les kinésithérapeutes auront, dans ces deux protocoles le droit de prescrire un arrêt de travail de moins de 5 jours selon le référentiel Ameli, ainsi qu’une rééducation en kinésithérapie.
Pour la torsion de la cheville, il pourra prescrire :

  • du paracétamol,
  • une contention, une attelle amovible, des cannes anglaises,
  • en présence d’un ou plusieurs critères d’Ottawa, une radio (en cas de fracture, il réorientera le patient vers le médecin).

Concernant la lombalgie aiguë, le kinésithérapeute pourra prescrire :

  • Un AINS en l’absence de toute contre-indication avec, au besoin un inhibiteur de la pompe à protons en cas de douleurs d’estomac,
  • du paracétamol

 

Quelles exigences devra remplir le kinésithérapeute dans
le suivi du patient ?
Quels indicateurs de suivi ?

Afin d’assurer le suivi du patient et renvoyer celui-ci chez le médecin, le kinésithérapeute devra respecter des démarches thérapeutiques précises conformes aux recommandations actuelles, avec pour la torsion de la cheville, une réévaluation à J+3 et pour la lombalgie aiguë, une consultation après 2 à 4 semaines afin de faire un bilan et d’écarter d’éventuels “yellow flags”.
Ils disposent ensuite d’un certain nombre d’indicateurs de suivi :

  • Nombre de consultation et évolutions
  • Nombre de reprise du médecin (Arrêt si >50%)
  • Nombre de réunion d’analyse de pratique
  • Taux de refus (Arrêt si >30%)
  • Délai de prise en charge par le kiné
  • Arrêt de travail

Pour Pascale Mathieu, la présidente du Conseil national de l’ordre, « la réalisation d’un diagnostic et la possibilité de prescrire un arrêt de travail initial, de l’imagerie médicale, des anti-inflammatoires, des anti-douleurs et de la kinésithérapie ont été intégrés à ces protocoles, ce que nous avions soutenu. Ce dispositif complet permettra de consulter directement les kinésithérapeutes et limitera le recours aux urgences ou aux médecins généralistes. ». Elle invite les kinésithérapeutes à s’impliquer avec dynamisme dans ces protocoles afin de participer au désengorgement des services d’urgence.

Vous vous engagez dans un protocole de coopération ? Dites-le nous !
Vous exercez dans une MSP ou une CPTS et vous souhaitez mettre en place un protocole avec un médecin généraliste ? Nous vous invitons à nous en faire part (cno@ordremk.fr), nous pourrons vous accompagner si vous le souhaitez et valoriser votre démarche.