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« Kinésithérapie et activité physique sont intimement liées »

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À 25 ans, Marjorie Delassus, kinésithérapeute, vient d’être qualifiée pour participer aux Jeux olympiques de Paris en 2024, dans l’équipe de France de canoë-kayak. Après ses performances aux championnats du monde de Lee Valley (Royaume-Uni) et sa quatrième place lors des finales de la coupe du monde à Vaires-sur-Marne (77), en octobre 2023, la jeune athlète se prépare activement aux épreuves sportives qui l’attendent l’été prochain.

Vous venez d’être sélectionnée dans l’équipe de France de canoë-kayak qui participera aux Jeux olympiques de Paris 2024. Que ressentez-vous ?

Je suis très heureuse ! Je suis soulagée, aussi, car l’année a été particulièrement éprouvante, avec beaucoup d’enjeux. La saison a été longue, des sélections nationales en avril jusqu’aux courses du championnat du monde, de la coupe du monde et des qualifications olympiques, en octobre. Ma sélection dans l’équipe de France est l’aboutissement d’un travail très intense et je suis ravie de vivre cette aventure.

Comment avez-vous concilié vos études et votre carrière d’athlète de haut niveau ?

Cela m’a demandé beaucoup d’organisation pour tout gérer en même temps !
Je suis entrée à l’école de masso-kinésithérapie de Toulouse sur dossier, par le biais d’une passerelle réservée aux athlètes de haut niveau. C’est une chance, car j’ai toujours voulu travailler dans le domaine médical ou paramédical, mais ce n’est pas évident de concilier ce type d’études avec un projet sportif ambitieux. J’ai eu une scolarité « classique » pendant les deux premières années de K1 et K2 à Toulouse, puis je me suis installée en région parisienne pour pouvoir m’entraîner sur le bassin olympique de Vaires-sur-Marne et rejoindre le pôle France à Paris. J’ai intégré l’École nationale de kinésithérapie et de rééducation (ENKRE) à Saint-Maurice, qui accueille beaucoup de sportifs. Mon emploi du temps a été aménagé : j’ai suivi les années de K3 et K4 en 3 ans, et lors de mes déplacements à l’étranger, j’ai eu la possibilité de passer des examens à distance ou de les rattraper par la suite. J’ai obtenu mon diplôme d’État de kinésithérapeute en juillet 2022.

Exercez-vous en tant que kinésithérapeute aujourd’hui ?

Après quelques hésitations, j’ai fait le choix de ne pas exercer pour le moment, afin de me consacrer à mon projet sportif et de mettre toutes les chances de mon côté pour les Jeux olympiques. En effet, je suis souvent en déplacement : cela ne me paraît pas possible, pour le moment, de concilier les deux. J’ai tout de même réalisé l’année dernière une formation sur l’entretien motivationnel, visant à optimiser la relation thérapeutique et accompagner au mieux les patients. Cela m’a permis de « garder un pied » dans la kinésithérapie et de garder mon équilibre, car ce métier me passionne. Mais pour l’instant, toute ma vie est organisée autour des Jeux olympiques !

En quoi va consister votre préparation pour ces Jeux ?

Je suis actuellement en période de récupération. L’objectif est de me ressourcer et de profiter de mes proches, pour pouvoir repartir « à bloc » physiquement et mentalement, pendant les 9 mois qui nous séparent des Jeux olympiques.
Ma préparation va consister en une alternance de blocs de développement, récupération, stages, compétitions, avec à la fois un travail très technique et « physio ». Ces blocs vont s’articuler selon une sorte de compte à rebours, de façon à ce que je sois la plus performante possible le jour J. J’ai la chance de m’entraîner tous les jours sur le bassin de Vaires-sur-Marne où auront lieu les épreuves des Jeux olympiques : c’est un avantage de connaître les mouvements d’eau de la rivière et les caractéristiques des lieux.

Quels conseils pourriez-vous donner aux sportifs, notamment ceux qui se préparent pour une compétition ?

En premier lieu, l’envie et la motivation sont primordiales : il s’agit de découvrir son propre moteur de performance, ce qui va donner envie de se dépasser un peu plus chaque jour. Par ailleurs, la planification des entraînements et des phases de récupération doit être définie et organisée en amont, afin d’être le meilleur possible le jour J.
Quand on atteint un très haut niveau, il ne faut rien laisser au hasard, car tous les participants sont excellents techniquement et extrêmement bien préparés. Dans ces conditions, ce sont des détails qui peuvent faire la différence, concernant par exemple la préparation mentale, la nutrition ou la récupération.

Quels liens faites-vous entre sport et kinésithérapie ? Votre métier vous aide-t-il dans votre pratique sportive ?

Oui, mon métier m’aide dans le sens où j’ai une bonne connaissance de mon corps et de son fonctionnement. Il est complémentaire à mon parcours d’athlète. De manière générale, le sport et la kinésithérapie partagent des valeurs communes comme l’exigence, la persévérance, l’envie de se surpasser, le partage d’émotions et de moments forts avec les autres. Tout cela est très important pour moi.
Kinésithérapie et activité physique sont intimement liées. Nous savons à quel point l’activité physique est bénéfique pour la santé du corps et de l’esprit, notamment parce qu’elle aide à lutter contre la sédentarité, à prévenir l’anxiété, la dépression et beaucoup d’autres troubles. D’ailleurs, notre métier est aujourd’hui particulièrement centré sur la prévention ainsi que le travail actif du patient, son autonomisation et son éducation à la santé, et c’est très encourageant de constater que ces pratiques sont efficaces pour améliorer la santé et le bien-être des personnes.

Avez-vous un message à adresser aux patients, en tant que professionnelle de santé ?

Oui : l’activité physique est importante pour la santé ! À doser, bien sûr, en fonction des personnes et des situations. J’ai expérimenté moi-même les bienfaits de l’activité physique sur ma rééducation, en décembre dernier, après une rupture du ligament croisé antérieur qui a remis en question ma préparation physique pour la sélection olympique : mon genou allait beaucoup mieux quand je faisais mes exercices de rééducation que lorsque je restais inactive.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Après ma phase de récupération, je vais reprendre l’entraînement en région parisienne, afin de préparer les épreuves avec mon entraîneur et le staff qui m’entoure. Puis, à la fin de l’année, je serai en stage à la Réunion pour m’entraîner en eaux plus chaudes. L’été prochain va arriver très vite ! J’ai vraiment hâte de passer du temps avec cette toute nouvelle équipe olympique et de participer à cette belle aventure.