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Dérive sectaire en santé et bien-être: l’expertise de la MIVILUDES “de plus en plus sollicitée

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Dans son rapport d’activité 2018-2020 publié le 29 juillet 2021, la MIVILUDES, avec laquelle le CNOMK est lié par une convention de partenariat depuis 2015, constate que “la répartition par domaine d’intervention montre que le secteur de la santé et du bien-être reste la première porte d’entrée du risque de dérive sectaire et cette prééminence s’explique en partie par le foisonnement des offres dans ce domaine” .

Les chiffres sont éloquents. Pour 2020, la MIVILUDES rapporte

  • 412 saisines classées dans la catégorie “médecine complémentaire et alternative” (soit près du double qu’en 2015 – la crise sanitaire ayant accru l’offre mais aussi la demande),
  • et 220 dans la catégorie “psychothérapie et développement personnel”. (ce chiffre reste stable depuis 2015)

Parmi elles, plus de 200 ont été transmises vers les ARS, les ordres professionnels dont le CNOMK ainsi que vers les autorités relevant du champ de la formation professionnelle et du champ des ministères économiques et financiers.

Parmi les points de vigilance développés par la Mission, plusieurs attirent notre attention :

  • Une nette augmentation des victimes parmi les mineurs, les personnes handicapées et les personnes âgées 
  • Une augmentation de la palette des outils mis en œuvre par les mouvements sectaires dans le domaine de la santé pour recruter et fidéliser (conférences, formations “professionnelles” et vente en ligne notamment)
  •  Les régimes alimentaires extrêmes (jeûne, crudivorisme, …) régulièrement associés à une risque de dérive sectaire d’autant qu’ils sont associés avec une rupture des soins conventionnels souvent remplacés par des thérapeutiques non conventionnelles et dangereuses
  • Le dévoiement par des personnes peu scrupuleuses et non qualifiées d’outils thérapeutiques ayant fait leurs preuves pour certaines indications (hypnose, EMDR, …) qui représente un risque majeur de dérive.
  • Les problématiques liées à l’Access consciousness bars qui ont émergé depuis 2018. Si cette pratique à mi-chemin entre massage et développement personnel ne semble pas dangereuse en elle-même, les signalements portent essentiellement sur les formations complémentaires pour devenir praticiens de cette méthode. La prudence s’impose tant pour les “patients” que pour les aspirants praticiens.
  • La promotion des bienfaits du Yoga et de la méditation qui peuvent constituer un risque de dérive sectaire, notamment au sein de centres où les bénévoles sont exploités et endoctrinés. Des décompensations psychotiques de ces bénévoles ont été rapportées.
  • Le développement de stratégies numériques de séduction et de fidélisation des sectes.  Aujourd’hui, le risque d’embrigadement sectaire peut advenir uniquement en ligne par le biais de vidéos, de e-conférences, de groupes sur les réseaux sociaux, etc.

Il est à noter que la MIVILUDES pointe du doigt la nécessaire distinction entre

  • dérive thérapeutique relevant du seul charlatanisme (qui n’est pas de son ressort)
  • de la dérive thérapeutique à risque de dérive sectaire.

Quelle conduite adopter face à un proche victime de dérive sectaire ?

Ne restez pas isolé (e)

Parlez-en autour de vous. D’autres personnes ont pu être confrontées à la même situation. Rapprochez-vous des personnes, des associations ou des institutions qui sauront vous conseiller ou vous assister : d’autres proches de la victime, les associations d’aide aux victimes, la Miviludes…

Voir les ressources en région

Vous pouvez également vous rapprocher de votre CDO

Ne rompez jamais le lien

Restez toujours en contact avec la personne qui a été happée dans un mouvement sectaire ou qui se trouve sous l’emprise d’un gourou thérapeutique. Même si elle ne vous répond pas ou refuse toute discussion, la poursuite du dialogue et cette “porte ouverte sur l’extérieur” peut un jour lui faire prendre conscience de sa situation et l’aider à s’en sortir.

Ne brusquez pas les choses

La sortie du processus d’emprise mentale est long et difficile. Il ne faut surtout pas brusquer les choses ni se décourager. Rapprochez vous des professionnels de santé ou de la psychiatrie pour adopter une conduite adaptée à une situation donnée.