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« Qui dit sport dit kinésithérapie : cette nouvelle vague de sportifs créera beaucoup de sollicitations pour les kinésithérapeutes. »

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Champion d’Europe de natation en 2022 (200 mètres dos), Yohann Ndoye Brouard est aussi étudiant en kinésithérapie. Le nageur de 23 ans, licencié aux Dauphins d’Annecy, témoigne du lien étroit entre sport et kinésithérapie, à quelques mois des Jeux Olympiques de Paris.

Que représente la kinésithérapie à vos yeux de sportif de haut niveau ?

Pour moi, la kinésithérapie a un rôle d’éducation. Elle m’a éduqué à prendre soin de mon corps, et de celui des autres. Elle m’a permis d’apprendre l’anatomie, le fonctionnement de mon corps et à soulager mes douleurs. Je vois ma kinésithérapeute tous les deux jours et lui pose beaucoup de questions. Je peux ainsi mieux me surveiller et mieux récupérer.

La kinésithérapie vous a-t-elle permis de vous remettre rapidement de vos blessures l’an dernier ?

À la suite de ma fracture du coude survenue en décembre 2022 au ski, j’ai bénéficié de la rééducation avec un kinésithérapeute d’une part, d’une prise en charge au pôle de réathlétisation de l’Insep d’autre part.

Avec le kinésithérapeute, j’ai travaillé en post-opération des exercices de placement et de mouvement : tendre et plier le coude, chercher la mobilité maximale et le verrouillage. De même avec mon épaule intériorisée, lorsque j’ai mal, la kinésithérapie me fait travailler la mobilité.

J’ai effectivement eu d’autres blessures peu après, une lésion de grade 2 au muscle semi-membraneux et une lésion de grade 2 au psoas. J’étais au repos dans un premier temps puis en kinésithérapie, j’ai travaillé en excentrique sur ces muscles afin de cicatriser les fibres abimées et de reprendre le sport le plus vite possible. En tout, cinq semaines m’ont suffi puis j’ai pu reprendre la compétition sans douleur.

Vous êtes étudiant en kinésithérapie, pourquoi ce choix ?

Oui, je suis en deuxième année à l’Ecole Nationale de Kinésithérapie et de Rééducation (ENKRE) à Saint-Maurice. Dès le CM2, j’ai eu envie d’une carrière paramédicale. Au début je voulais être ostéopathe car j’y allais souvent. Mais l’ostéopathe ne pouvait pas régler mes problèmes d’épaule, alors je suis allé voir un kinésithérapeute et j’ai apprécié son suivi de long terme, l’échange entre nous. A partir du lycée, mon choix pour la kinésithérapie a été clair.

Comment conciliez-vous vos études et le sport de haut niveau ?

Je bénéficie à l’ENKRE d’un cursus spécifique pour les sportifs de haut niveau, me permettant d’étaler chaque année d’études sur deux ans. Cette année 2023-2024 est particulière en raison des JO 2024, la priorité est aux compétitions avant une reprise l’an prochain.

En pratique, je m’entraîne chaque jour à l’Insep de 7h à 9h et de 15h30 à 19h. J’assiste à certains cours entre 10h et 14h, j’en récupère d’autres via des amis.

Au total, je ferai mes études en neuf ans au lieu de quatre ans, voire dix ans si j’ai une autre année de césure pour les JO de 2028.

Dans quel cadre comptez-vous exercer la kinésithérapie le moment venu ?

Mes études devraient se terminer en même temps que ma carrière sportive. Je pense être kinésithérapeute stagiaire au départ, effectuer des remplacements, puis ouvrir rapidement un cabinet libéral à Annecy, dont je suis originaire. La fin de carrière n’étant pas simple à gérer pour un sportif de haut niveau, j’imagine que je préférerai couper avec ce milieu, au moins au début. Accompagner des jeunes et faire de la prévention me plairait beaucoup. Comme je suis très intéressé par la physiologie de l’épaule, je m’orienterai peut-être vers les sports présentant des problèmes d’épaule.

A l’approche des JO 2024 en France, quelles sont vos ambitions ?

Je serai au départ des 100 et 200 mètres dos, peut-être aussi en relais. J’ai décroché la quatrième place aux mondiaux il y a deux ans, la cinquième place cette année avec ma plaque dans le coude, cette fois je vise au moins une médaille.

Avez-vous à cœur de promouvoir la pratique du sport ?

Via le programme « Nageur et citoyen » auquel je participe tous les ans, je contribue à sensibiliser des enfants de 5 à 10 ans à l’importance de savoir nager.

Plus globalement, je pense que les JO vont avoir un impact positif sur la place du sport à l’école et sur la fréquentation des clubs. En 2008, la médaille d’Alain Bernard au 100 mètres crawl a provoqué des inscriptions à la rentrée suivante. C’est aussi le rôle des sportifs d’inspirer les enfants, de montrer que l’on peut faire des études parallèlement au sport.

Qui dit sport dit kinésithérapie : cette nouvelle vague de sportifs créera beaucoup de sollicitations pour les kinésithérapeutes !!