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Parents, attention aux discours pseudo-scientifiques concernant la santé de vos enfants

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De manière régulière, les parents sont exposés à des discours les enjoignant à amener leur enfant, parfois nouveau-né, chez tel ou tel “praticien” n’ayant pas le statut de professionnel de santé. Et, les médias se font constamment l’écho de troubles supposés n’ayant pourtant aucun fondement physiologique ou anatomique tel que le syndrome de “KISS”.
S’il est tout à fait légitime de la part des parents d’être inquiets pour la santé de leur enfant et de faire montre d’une vigilance accrue au moindre signe leur semblant anormal, il est important de les mettre en garde contre des pratiques inutiles, induisant une surmédicalisation délétère et pouvant également occasionner des retards de prise en charge ou des effets secondaires.

Quels sont les discours et les pratiques qui doivent alerter les parents ?

Un certain nombre de signes doivent attirer l’attention des parents et conduire à une certaine prudence.

  • Des thérapeutes autoproclamés spécialistes d’un syndrome qu’ils sont les seuls à connaître, à diagnostiquer et à traiter alors que la médecine actuelle ne le reconnaît pas…
  • Des discours alarmistes et catastrophistes ainsi que des titres anxiogènes dans la presse (par exemple : “Le syndrome X, ou quand les bébés pleurent de douleur” , “extrême souffrance”…)
  • La promesse de traitements miracles et holistique, comme par exemple la manipulation de la zone et/ou des techniques visant à redonner de la mobilité, en espérant « mieux faire fonctionner » ces nerfs et donc tout le système.
  • Des syndromes “fourre tout” avec des signes non spécifiques : « posture en inclinaison », « agitation », « coliques », « pleurs fréquents », « plagiocéphalie » “troubles de la concentration » « hyperactivité » . Ces signes sont des motifs d’inquiétude pour les parents de manière normale et légitime. Pour autant, ils peuvent être liés à un certain nombre de pathologies… ou à aucune pathologie particulière.
  • Une explication unique pour expliquer une grande variété de troubles
  • Une tendance à “pathologiser” des manifestations normales chez l’enfant
  • Le praticien ne cherche pas à autonomiser les parents. il est la clé du traitement et le seul à pouvoir résoudre les problèmes . Il faut d’ailleurs plusieurs séances. La peur et la culpabilisation deviennent des moyens de “fidélisation”.
  • Des site web ou des articles qui mentionnent des témoignages de parents mais pas de sources scientifiques fiables

 

Quels sont les risques pour l’enfant ?

On dit souvent “Ça ne peut pas faire de mal” en parlant de pratiques de soins non conventionnels. Pour autant, celles-ci peuvent présenter des risques pour l’enfant et tout particulièrement :

  • Une absence d’amélioration des signes
  • Un retard de prise en charge pour une pathologie sévère. Le risque de retard de diagnostic est réel : Happle 2009, relate deux cas de bébés diagnostiqués « syndrome de KISS » mais qui étaient en fait porteurs de tumeurs cérébrales.
  • Une atteinte lors d’une manipulation / des effets indésirables dont la gravité va du léger-modéré au grave (même si bien évidemment, les accidents graves sont rares). C’est notamment le cas d’accident survenu après une manipulation vertébrale et principalement liées au rachis cervical (Thiel 2007, Wand 2012 …) et particulièrement en pédiatrie (Vohra 2007).
  • Il peut y avoir également un risque inutile. C’est notamment en cas de pathologie ou fragilité tissulaire sous-jacente. Un cas de décès suite à une posture d’étirement en flexion rachidienne excessive a été rapportée par Micha Holla (2009).

 

Que faire ?

Quels que soient les signes que l’enfant présente, le seul conseil à donner est de commencer par l’emmener chez le médecin.

  • Soit l’enfant nécessite un traitement (médicamenteux, conservateur, rééducatif, de la chirurgie, etc…). Il doit être vu en consultation médicale et traité par le médecin ou un professionnel de santé formé et diplômé (ex : kinésithérapeute pour rééducation, psychologue, etc…). Car ces signes peuvent cacher une véritable pathologie sous-jacente ;
  • Soit certains signes ne présentent pas de gravité et font partie de la vie débutante du nouveau-né, avec ses inconvénients, ses immaturités tout-à-fait physiologiques (systèmes digestif, ossification, nerveux, déglutition, ainsi qu’une partie des plagiocéphalies qui spontanément résolutives. On peut tout-à-fait accompagner et tenter de soulager ces signes, symptômes et inconforts du bébé de diverses manières médicamenteuses ou non…

 

En résumé :

La santé des enfants est un sujet de préoccupation important des jeunes parents et c’est bien normal. Les questions que l’on se pose sont nombreuses.
De nombreux professionnels utilisent les craintes naturelles des parents pour proposer des actes inutiles, coûteux, et souvent inconfortables pour les bébés.
Les enfants naissent avec toutes les capacités pour grandir harmonieusement sans recourir à de quelconques manipulations. En cas de doute, il faut consulter le médecin.