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Rencontre avec Charline Brocard, Lauréate du prix de l’Ordre 2020 pour son mémoire

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Nous avons échangé avec Charline Brocard, lauréate du prix de l’Ordre 2020 pour son mémoire Enquête binationale France-Québec sur le parcours de soins des femmes en lien avec la rééducation périnéale en post-partum.

 

Elle nous parle de son parcours, de ses travaux et de l’avenir.

 

Bonjour Charline. Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis kiné depuis 2020, j’ai fait mes 4 ans d’études à Montbéliard après une année de PACES à Besançon. J’ai fait mon mémoire sur le parcours de soin des femmes en post-partum via un stage de recherche que j’ai pu effectuer au Québec.

Qu’est ce qui vous a donné envie de traiter du parcours de soin des femmes en post partum ?

Lors de mon stage de 1ère année, j’avais déjà pu voir des séances de rééducation périnéale, j’en ai revu lors de mon 5ème stage en 3ème année. Il y a aussi eu la naissance de mon neveu en parallèle et j’ai beaucoup discuté avec ma sœur à ce moment- là.  Cela m’a donné envie de traiter du sujet. Puis, j’ai trouvé intéressant d’aller voir comment ça se passe au Québec et de coupler France/Québec.

Comment parleriez-vous de votre travail à quelqu’un qui ne connaît pas du tout le sujet ?

Le but de mon mémoire est de voir quels sont les choix et les attentes des femmes dans leur rééducation périnéale, vers quels professionnels de santé elles peuvent s’orienter (en France, elles ont le choix entre kiné et sage-femme, au Québec, uniquement vers des physiothérapeutes.) J’ai voulu comprendre s’il y a des méthodes particulières, s’il y a besoin d’un type de relation avec le professionnel de santé.

Qu’avez-vous pu mettre en évidence ?

En France comme au Québec, les femmes ont besoin d’une prise en charge globale, elles ont besoin d’être entendues sur tout ce qui va autour du post-partum et pas uniquement sur la rééducation périnéale. Elles ne sont généralement pas satisfaites d’une prise en charge sommaire par exemple si elles se retrouvent seules avec une sonde. Elles ont véritablement besoin de l’accompagnement du professionnel de santé.

J’ai pu aussi voir des différences entre le Québec et la France notamment au niveau du coût. Au Québec, les séances de rééducation coûtent aux alentours de 100$ alors qu’en France, les séances sont prises en charge par la Sécurité Sociale en post-partum.  Les québécoises sont ainsi freinées par le coût et ont moins tendance à faire la rééducation de manière systématique et préventive. Cela peut poser des problèmes de santé publique par la suite avec davantage de risques de fuites urinaires ou de prolapsus.

Le sujet du post-partum est souvent tabou. Avez-vous été confrontée à ce tabou ?

Totalement ! Les femmes ne savent souvent pas ce qui les attend, même leur entourage ne leur en parle pas. Nombreuses sont celles qui se sentent seules après l’accouchement. Après l’accouchement, les proches se focalisent sur le bébé et pas sur la maman. C’est parfois difficile à vivre.

Lors des entretiens avec les femmes en France, elles ont exprimé ce ressenti que le post partum est quelque chose de tabou. Les professionnels de santé que j’ai pu interroger au Québec ont également évoqué des difficultés à aborder le sujet.

Maintenant que vous avez terminé vos études, vers quoi allez-vous ?

Je travaille aujourd’hui en libéral, à mi-temps à domicile, à mi-temps au cabinet. Je n’ai pas encore eu la possibilité de faire une formation en rééducation périnéale compte tenu de la crise sanitaire mais je l’envisage dès que cela sera possible.

Je suis en train d’écrire un article pour partager mon mémoire et en faire profiter les femmes comme les professionnels de santé.

J’ai envie de travailler sur le terrain : une thèse, pourquoi pas mais pas tout de suite ! J’ai l’impression que, depuis 2015, nous sommes à un vrai tournant favorable à la recherche qui va permettre une meilleure prise en charge des patients.