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Violences faites aux femmes : l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes s’engage

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Comme chaque année, le 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

C’est l’occasion pour le Conseil national de l’ordre des kinésithérapeutes de rappeler son engagement pour cette cause de première importance pour laquelle les kinésithérapeutes ont un rôle à jouer.

Violences faites aux femmes, de quoi parle-t-on ?

Ces violences peuvent prendre des formes très diverses :

  • violences domestiques (coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide) ;
  • harcèlement ou agression sexuelle (viol, avances sexuelles non désirées, harcèlement dans la rue, cyber-harcèlement) ;
  • mariage précoce et forcé  ;
  • mutilation génitale féminine ;
  • trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle).

 

L’engagement de l’Ordre des kinésithérapeutes contre les violences faites aux femmes

Participation aux travaux de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF)

Depuis plusieurs années, le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes est engagé dans la lutte contre ces violences, notamment par sa participation aux travaux de la MIPROF. Celle-ci est chargée de « rassembler, analyser et diffuser les informations et données relatives aux violences faites aux femmes » et de « contribue[r] à la réalisation d’études et de travaux de recherche et d’évaluation dans le domaine de la protection des femmes victimes de violences ». Dans ce cadre, les élus de l’Ordre participent à différentes réunions et groupes de travail dans le but, notamment, de sensibiliser les kinésithérapeutes et les futurs kinésithérapeutes à l’accompagnement des femmes victimes de violences.

Ainsi, une journée de formation s’est déroulée le 21 octobre 2021. Elle a accueilli un formateur pour chaque IFMK de France,  5 personnes de la FNEK, des formateurs en formation continue et quelques représentants syndicaux de masseurs-kinésithérapeutes libéraux et salariés.

Un  kit de formation destiné aux formateurs et formatrices a également été publié. Il doit permettre à l’agent ou l’agente d’accueil de mieux comprendre et appréhender la spécificité des situations des femmes victimes de violences au sein du couple et ainsi adapter leurs pratiques professionnelles pour une meilleure intervention auprès des victimes.

2 clips pédagogiques composent ce kit, dont celui intitulé « Accueillir et orienter une femme majeure victime de violences au sein du couple » est visionnable ici.

Participation au comité national contre les violences intra-familiales

En parallèle, Aude Quesnot, conseillère nationale, participe, en tant que représentante de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes aux travaux du Comité national contre les violences intra-familiales.

Ce comité, mis en place en avril 2021, s’est donné pour objectif « de trouver des moyens et des solutions pour sensibiliser les professionnels de santé et notamment les kinésithérapeutes à ces missions de dépistage et de prévention. »

L’objectif est de donner aux kinésithérapeutes dans les cabinets, les centres de rééducation ou les structures hospitalières des outils pour savoir comment réagir en face de suspicion de maltraitance ou de cas avéré.

Des fiches ont été réalisées par la commission des violences faites aux enfants et adolescents, destinées aux professionnels de santé. Elles sont destinées à les aider à repérer les cas de violence intra-familiale sur les mineurs.

Un groupe de travail pour prévenir les violences sexuelles au sein des cabinets

Enfin, de manière indépendante, le Conseil national a mis en place un groupe de travail visant à élaborer des outils de communication pour prévenir les violences sexuelles au sein des cabinets de kinésithérapeutes, faits extrêmement rares mais malheureusement réels. En effet, à la suite de plusieurs mouvements nés sur les réseaux sociaux, la parole des victimes d’agressions sexuelles s’est libérée. Depuis 4 ans, l’Ordre reçoit ainsi de plus en plus de signalements relatifs à des violences sexuelles. C’est pourquoi, le Secrétaire Général de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, Jean-François Dumas a lancé ce groupe de travail : « Il n’y a que l’Ordre qui peut le faire, nous devons prendre nos responsabilités, nos cabinets doivent être des sanctuaires. » a-t-il déclaré.

Les kinésithérapeutes, une ressource pour les femmes victimes de violences

La séance de kinésithérapie est parfois un moment où la patiente peut se livrer dans le respect du secret professionnel.

Sans s’immiscer dans sa vie privée, le kinésithérapeute pourra être amené à formuler des conseils et partager un certain nombre d’informations dans le but de l’aider. Il l’invitera à se rendre auprès des services de police ou de gendarmerie ainsi qu’à contacter le 3919 (violences femmes info) et l’orientera vers une association locale d’aide aux femmes victimes.

En outre, il pourra délivrer un certificat de constatation de violences. Ce document fait partie des éléments qui permettront à la victime d’engager une action en justice devant le juge pénal et/ou civil, notamment pour obtenir des mesures de protection et une réparation du préjudice.
En ce sens, il constitue un document écrit par lequel le masseur-kinésithérapeute atteste de l’existence de signes ou de lésions traumatiques, voire d’une souffrance psychologique. C’est le premier élément objectif sur lequel l’autorité judiciaire pourra s’appuyer pour décider des suites à donner.

La loi prévoit que le kinésithérapeute doit recueillir l’accord de la patiente pour porter à la connaissance du procureur de la République les sévices ou privations qu’il a constatés sur le plan physique ou psychique. Rien ne sera donc engagé sans son consentement.

Toutefois, cet accord n’est pas nécessaire si la victime est une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique (article 226-14 du code pénal).

Violences faites aux femmes, quelques chiffres

209 000 personnes ont été enregistrées comme victimes de crimes ou délits sexistes par la police ou la gendarmerie en 2019, dont 182 000 femmes (87% des cas). Ces infractions ont été en grande partie commises dans le cadre conjugal (68%). Les personnes mises en cause dans ces crimes ou délits à caractère sexiste sont quasi exclusivement des hommes (91%).

En 2020 :

  • 102 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire
  • 23 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire
  • 14 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.
  • 82 % des morts au sein du couple sont des femmes. Parmi les femmes tuées par leur conjoint, 35 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon. Par ailleurs, parmi les 22 femmes ayant tué leur partenaire, la moitié, soit 11 d’entre elles, avaient déjà été victimes de violences de la part de leur partenaire.
En 2019 :
En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000 femmes.
L’auteur de ces violences est le mari, le concubin, le pacsé, le petit-ami, ancien ou actuel, cohabitant ou non.

  • 7 femmes victimes sur 10 déclarent avoir subi des faits répétés
  • 8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales.

Parmi ces femmes victimes, 18% déclarent avoir déposé une plainte en gendarmerie ou en commissariat de police suite à ces violences.
Cette estimation est issue des résultats de l’enquête de victimation annuelle « Cadre de vie et sécurité » (INSEE-ONDRP-SSMSI). 
Il s’agit d’une estimation minimale. En effet, l’enquête n’interrogeant que les personnes vivant en ménages ordinaires, elle ne permet pas d’enregistrer les violences subies par les personnes vivant en collectivité (foyers, centres d’hébergement, prisons,etc.) ou sans domicile fixe. De plus, seules les personnes vivant en France métropolitaine sont interrogées. Enfin, ce chiffre ne couvre pas l’ensemble des violences au sein du couple puisqu’il ne rend pas compte des violences verbales, psychologiques, économiques ou administratives.